Il fut un temps où la petite salopette foisonnait, c'était le printemps, la saison des amours des salopettes. Elles se reproduisaient telles des lapinouxes en levrette et innondaient le marché par le biais de la poste. Au final Miss Crevette n'en portait que deux, sa mère trop occupée à bosser à la chaîne pour d'autres petits culs qu'elle.
Les temps de disette furent accentués lors un encombrement subséquent à une saison des amours tout aussi féconde dans le giron de la chambre parentale. Maman sauta une saison pour passer directement au mode hibernation et son rythme interne fut tout déréglé. Heureusement la famine vestimentaire prit fin au cours du second trimestre avec ce fameux regain d'énergie et les petits doigts de maman arrêtèrent de se la couler douce.
Une nouvelle génération de salopette prit les chemins de la production avec des modèles tout doux, tout chaud à peine sortis du four. Première de promotion, miss pois noirs, entièrement doublée, ce qui ne fut pas un mince défis pour la génitrice fraîchement remise de sa grève de la sieste récréative.
Le déhanché ancestral de la Crevette pu enfin être figé à nouveau sur les plaques argentiques de l'appareil numérique de la maisonnée dans cet ensemble hiver-hiver en velours côtelé gris anthracite qui a coûté un bras et deux reins (pas ceux de la mère, sinon comment coudre à nouveau? Le père s'est encore dévoué).
Salopette déjà usée sur les sièges de balançoire dont on raffole sur la commune de PLO. "Core, maman, core!". Toujours plus haut, toujours plus fort, Miss Crevette se sent invincible dans ses petits pantalons trop larges pour être des trouillards.