Bonjour,
Je me présente, Fufue de mon petit nom, cinéaste par extension génétique. Mais tu as déjà tellement d'arc à tes cordes Fufue comment fais-tu? C'est simple, je suis une fille, et dans ma tête je me fais des films. Des gros, des cons, des chiants, des qui prennent des proportions indécentes, des insultants, des "ah putain si j'avais eu cette réplique au bon moment", des qui t'empêchent de dormir, des qui pourrissent tellement ton mental que tu le vomis sur ton entourrage.

(prémices de la robe d'hypocondriaque)
Jamais je ne rêve de petits poneys en barbapapa, de gens bisounours à mort, de mots doux pour mes amis. A la limite des rêves sexuels avec Stéphane Rousseau ... et encore je me démerde pour tout gâcher. Je ne fantasme que de revanches, de bons mots qui tuent et de baston généralisée où, forcément, je gagne haut la main. Il suffit que quelque chose me contrarie et bim, je me coltine le meilleur scénario durant toute une journée. Je ne pense plus qu'à ça, je le perfectionne, je le peaufine, je le rejoue encore et encore, je suis la Stanley Kubrick de la vangeance à retardement qui ne verra jamais le jour. En faisant pipi, en cousant, en cuisinant, en pétant (si ça m'arrive aussi), en donnant le bain à la crevette, en lui passant sa crème rose contre la varicelle, en lui mettant sa crème antibiotique derrière les oreilles car je la sèche pas assez à la sortie du bain, en lui mettant de la glace sur sa bosse survenue car je suis une mauvaise mère, en m'épilant (c'est plus rare), en regardant Pékino Expresso comme une larve, en dormant. Bref j'y pense sans arrêt jusqu'au moment où ça passe comme c'est venu.
La contrariété peut venir de n'importe où et me frappe en pleine tête comme un boomerang amnésique qui aurait oublié de retourner à son maître. Un petit mot mal utilisé me fendra le coeur au point d'avoir une explication musclée avec le pauvre illétré durant des heures in cortexo. C'est vrai quoi, les dictionnaires ça existe et ma robe d'hypocondriaque n'est pas "cool", elle déchire tout simplement. Une phrase sortie de son contexte me fera un ulcère du larynx à force de vomir in peto des explications punitives à l'encontre du malheureux (comment ça je m'occupe mal de ma fille? Non il a dit que c'était triste qu'elle soit tombée). Je ne sais pas contre qui je m'énerve le plus, le petit mec lamentable qui n'a rien fait d'autre que d'être un pauvre type ne sachant pas aborder la vie en général et qui me blesse sans le savoir (car moi aussi je suis un pauvre type qui ne sait pas aborder la vie en général) ou la connasse que tout le monde déteste mais qui aura toujours le dernier mot le plus méchant car c'est dans sa nature et pas moi.
Plus je me monte la tête ... plus je me monte la tête. Ca finit mal, toujours très mal, la réplique de plus en plus acerbe (tu m'étonnes vu le nombre de fois où je l'ai travaillée), le mot qui met le doigt dans la plaie et qui gratouille avec l'ongle les nerfs à vifs, le coup d'éclat et la sortie à point nommée qui me vallent des combos perfect dignent de Mortal Combat. Je suis une guerrière de la verve indomptable, je suis une vaindicatrice meurtrière dont les armes sont des syllabes accérées, je suis ... une grande frustrée de la vie, une créatrice à fleur de peau, un bambi égaré dans un monde trop vil, une grenouille timide qui s'est faite plus grosse qu'un boeuf pour se venger, une petite chose toute fragile desservit par sa taille de semi-géante. Je suis la grosse brute qui tape sur tout le monde parce qu'on a trop tapé sur elle.

(maman t'as encore oublié ta petite pilule rose!)
Donnez moi de la guimauve, donnez moi du roudoudou, donnez moi du Prozac. Faites moi une petite lobotomie de temps à autre pour remettre à zéro mon compteur de rancoeur. Enveloppez moi d'une montagne de couettes fraîches au matin de Nowel. Garnissez moi de chatons SDF trop mimis qui feront de ma vie une cellule d'isolement où personne ne viendra me faire du mal. Pansez mes plaies avec des bisous indélébiles. Flinguez mes neurones dégénérés qui pourrissent ma vie parfaite. Euthanasiez la moindre pensée négative avec des bébés labradors aux yeux de mangas. Clonez ma petite Emilie chérie pour tapisser les paroies de mon cortex stérile au bonheur.
Oh oui, une île avec ma fille, mon chat, peut-être mon mari s'il arrête de dire que ce que je fais c'est cool, une cargaison de Red Bull hypocalorique et des dictionnaires des synonymes pour les rares indigènes qui la peupleront.
Ca serait le bonheur, ouhoooo ho ho!
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