Chère Virgin radio,
Je t'écris ces quelques mots pour aborder un sujet épineux que seules les mamans, et quelques papas peuvent se targer de connaître sur le bout des ongles.
Ce soir, innocement, ton humoriste Camille Combal a conspué une mère changeant son bébé dans le train. C'est alors que la seule femme dans le studio lui a demandé intelligement où voulait-il qu'elle le change et il a répondu: "Ben dans les toilettes".
Certes, lorsque tu es jeune, insouciant et parfois drôle, comme ton animateur, il est aisé de vomir sur le dos de ces mères qui à tes yeux sont vraiment sans gène. Ne peuvent-elles donc pas bouger leurs grosses miches de vaches à lait pour changer le caca puant de leur braillard ailleurs? Ne peuvent-elles donc pas les faire taire? Pauvre homme que tu es, tu aimerais vraiment regarder tranquillement ton film sur ton nouvel iPad. Ne peuvent-elles donc pas trouver un autre moyen de locomotion/restaurant/immeuble/quartier/planète?
C'est oublier que tu as toi même été ce petit con vomissant, pleurnichant et puant que ta mère trimballait non sans mal à travers les pièges de cette existance. Mais c'est surtout ne rien connaître au bonheur d'être parents. Non pas que ma princesse des bois soit un monstre, que nenni, elle est adorable, gentille, bien habillée et ne pleure quasiment jamais. Non, le problème ce sont les autres. Ceux qui ont pensé l'espace dans lequel tu dois survivre évoluer en étant parent.
1. Le restaurant.
Déjà tu as pu t'y rendre. Tu as le temps de passer, entre deux siestes, manger avec ta copine de presque toujours et tu souffles enfin un peu après avoir monté la chair de ta chair puis sa poussette de 15 kilos à l'étage car au rez du resto il n'y a que des tables hautes accessibles avec une échelle et des talons Jimmy Choo. Merde cette phrase est sûrement interdite par le commité contre les phrases trop longues! Ta chérie passe un repas tranquillou à jouer avec ses peluches, franchement ce bébé est un ange. Pourtant quand elle sort de ses songes et quelle commence à papoter doucement avec toi les gens se retournent et te regardent comme si tu avais enfanté Satan. Eux même qui braillent comme si on avait égorgé leur mère à leurs pieds la seconde précédente. M'enfin, t'es là pour passer du bon temps hors de ta grotte, tu continues ton repas sans y prêter attention. Vient la fin du repas et le moment de changer ta gazelle parce que oui, les couches ça se change quand c'est plein et non je ne peux pas réserver ça aux murs de mon appartement. Cher animateur, peut-être lors d'une beuvrie t'es tu déféqué dessus et dans le coma éthylique qui s'en est suivi tes copains t'ont laissé mariné dedans. Dans la vraie vie, le caca ça fait les fesses rouges, et le pipi aussi. Alors quand on aime son enfant on le tient propre.
Oui mais où? Chouette les toilettes, pour une fois, sont assez grandes pour accueillir plus qu'une taille 32. Avec tes kilos de grossesse tu as parfois du mal à rentrer ta graisse dans l'éxiguïté de certain placard à balais (ouh ben j'ai réussi à écrire balard à placais). Mais non là y a de l'espace ... beaucoup d'espace ... et pas un seul meuble pour poser le séant de ta mini-toi. Qu'à cela ne tienne, tu adoptes le bon vieux système D et pose ton manteau par terre, à même la pisse et de la boue de centaines d'autres venus là avant toi et tu installes ton bébé dessus pour lui changer sa couche.
Ca c'est quand ça se passe bien.
2. Le centre commerciale de 6 étages.
Haut lieu des mamans, ce grand immeuble genevois est incontournable l'hiver. Il regroupe tout, du supermarché à la petite boutique mimi, du coin bébés comme du resto à la vue imprennable sur Genève et son lac. Et bien avec les centaines de mamans qui viennent tous les jours poser leur cul de baleine dans cet antre ... pas moyen de trouver un toilette avec table à langer.
J'ai fait chaque étage du 2ème au 6ème avec l'ascenseur, car l'escalator à marches et la poussette ne font pas bon ménage. Chaque étage tu attends 10min que ce soit enfin ton tour et qu'il aille effectivement dans le sens que tu veux et quand tu arrives enfin aux toilettes ... la trace de la table à langer est bien sur le mur ... mais pas la table! Chaque putain d'étage, chaque étage avec un logo bébé à côté de celui des toilettes parce que je suis pas débile, presque 30 minutes à chercher ta table à langer. Tu vas donc te renseigner, les bras lourds de courses et une poussette, à la caisse et surprise on t'annonce que la seule table à langer est au premier étage. Un peu à cran après ton accouchement, tes nuits blanches réveils nocturnes d'allaitement, ta cicatrice de césarienne qui tiraille, ton dos qui hurle de le laisser tranquille, ton bébé qui veut être changé et ensuite dormir peinard dans sa péniche à bébé ... tu décides d'installer ton matelas à langer sur le meuble à côté de la caisse et de changer ton bébé à la vue des clients qui veulent payer, sensiblement effarés. Comme ça, parce que t'en a marre d'être prise pour une conne uniquement parce que les besoins de ton bébé passent avant le sens commun et le manque d'idées des gérants. Tu tends la couche au caissier à la fin de l'opération et leur conseille de régler le problème au plus vite sous peine de les dénoncer au quotidien local.
3. Les fameux toilettes du train.
Si le NCIS venait faire un relévé bactério-chimico-urinaire je pense que l'alerte nationnale serait levée et le gaz sarin serait vite relégué à la petite grippe de village. Peut-être ce cher Camille voudrait-il que je pose mon enfant à même le sol, auquel cas j'aurais du penser à accoucher un bébé nain car l'espace dans les toilettes du train c'est digne d'un loft new yorkais chez les minipouces. Ou alors que je la pose délicatement sur la lunettes des toilettes, si propre, si la moitié de sa taille et si ... absente la plupart du temps (pourrait-on m'expliquer l'utilité de voler une lunette de toilette!), sans parler du froid sibérien, du bruit et des mouvements si doux des wagons.
Camille Combal mériterait d'être papa célibataire.
Avec des gens comme ça à la tête des médias et du pouvoir politique moi je dis qu'on est pas sorti de notre image de folles furieuses qui imposent leur marmot et leurs déjections à la Terre entière.
Et ensuite tu lis dans la presse de ce fameux quotidien qu'un élu se bat contre les annonces des trains qui sont à l'heure. Annonce certes ironique, inutile et irritante, mais bon ... est-ce vraiment La priorité? Sur ce, bon week end les poules.
/http%3A%2F%2Fwidget.hellocoton.fr%2Fimg%2Faction-on.gif)